Essaouira - essayez de prendre un photo sans goéland! |
Ville du vent, Essaouira vit essentiellement de la pêche et du tourisme. Autrefois avant-poste portugais appelé Mogador (pour un fan de Galactica comme moi, ce nom magique évoque une nova aussi belle que dangereuse, car chargée de mines spatiales), Essaouira est maintenant une destination phare du tourisme marocain. Un must. La médina est entourée de fortifications bien restaurées sur lesquelles une mer déchainée, par des alizés constants et insistants, vient se briser sur ses murs. Dramatique à souhait.
Donc si la médina bordée de rochers subit les colères de l'Atlantique, la plage, protégée par de petites iles coiffées de ruines, est large et longue de quelques kms, et longe le sud de la ville. Du moment qu'on apprécie le vent, ce grand croissant de sable invitant est un paradis pour les véliplanchistes et des kite-surfers.
La belle plage d'Essaouira |
Essaouira vit malheureusement un autre drame. La médina s'est transformée au cours des dernières années par des investisseurs étrangers qui achètent les plus belles résidences pour les transformer en riads hôteliers, souvent très luxueux pour satisfaire la clientèle de plus en plus exigeante qui fuit la chaleur, l'effervescence - ou les excès, selon le point de vue - de Marrakech, pas très loin. Si bien que la médina n'appartient plus aux résidents d'Essaouira. Les cafés se multiplient et les boutiques s'orientent vers un commerce touristique, les prix montent, etc. De plus, ces étrangers n'engagent pas les gens d'Essaouira mais plutôt les jeunes polyglottes de Casablanca et d'Agadir ce qui ne fait qu'accroitre le ressentiment des Essaouiris face a cette transformation de leur ville, à laquelle ils assistent impuissants.
Ainsi, à coté des touristes qui sillonnent les ruelles colorées de la médina, on voit des jeunes qui respirent de la colle dans des sacs en plastique, façon la plus économique d'oublier leur condition de chômeur sans avenir, sans doute.
Essaouira, l'ancienne Mogador des Portugais |
Essaouira - Port de pêche |
J'avais déjà vu ce comportement à El Jadida à mon grand étonnement; voici l’histoire, version longue!
Un après-midi ensoleillé à El Jadida |
C'est un après-midi ensoleillé à El Jadida, les gens se baladent paisiblement sur la belle corniche toute neuve, des jeunes jouent au foot sur la plage. Soudain, j'entends un garçon crier, puis, au loin, dans la direction des cris, je perçois une sorte d'agitation. Puis je vois un jeune homme courir à toute allure, enjamber un trottoir puis une haie de cèdres et emprunter le passage qui mène à la plage. Le garçon qui crie - sans doute au voleur! - le poursuit. Les cris du garçon captent l'attention de la foule, et d'autres se joignent à lui dans la poursuite du voleur au manteau de marque Diesel (mmm?..copie!). Le voleur regrimpe sur la corniche, poursuivit par maintenant une dizaine de justiciers, il fait encore quelques mètres, puis s'arrête et lance au garçon le téléphone cellulaire qu'il lui avait volé. Les poursuivants s'arrêtent et se réjouissent pour le garçon qui a retrouvé son téléphone, et hésitent en se demandant s'ils poursuivaient le voleur. Celui-ci profite du momentum pour disparaitre. Le lendemain, je marche le long des remparts et j’entends une dame parler fort sur un ton qui ressemble pas mal à celui de reproches ou d’insultes. Elle s’adresse à un jeune homme, et c’est lui, le voleur de la veille au manteau diesel. Celui-ci est en train de respirer dans un sac en plastique et rie de ce qu’elle lui dit (je perçois dans les paroles de la dame le mot 'honte' en arabe) tout en continuant son chemin. Ce comportement délinquant en plein jour m’avait étonné dans ce pays où l’image est si importante.
El Jadida |
El Jadida |
De retour à Essaouira.
Je suis en train de prendre un café en marge de la rue Zerktouni entouré de dames italiennes jouant au backgamon, de touristes français, et de dames britanniques à leur visite annuelle au Maroc. Il y a quelques musiciens gnaoua qui font une brève performance avant de passer le chapeau. Puis, sur le même espace, sur la ‘scène’, entre un homme fin vingtaine qui vient respirer son sac de colle et se promène devant nous, un bon moment, comme pour s’assurer qu’on le voit bien. Il chancèle, fait une grimace, puis s’en va sous le regard médusé des touristes. Je ne sais pas si c’était son message, mais il semblait nous dire que ce n’est pas parce que nous, les touristes, avions envahit sa ville, qu’il avait maintenant un emploi, ou quelque chose à faire de sa vie…
C'est juste après ces musiciens gnaouas qu'a eu lieu la scène.. |
La Skala d'Essaouira |
Les touristes sont donc heureux à Essaouira! |
Mouettes au-dessus de la Skala d'Essaouira |
El Jadida est deux fois plus populeuse qu'Essaouira. Pourtant on dirait un village en comparaison. Il n'y a pas encore toute cette infrastructure pour accueillir les touristes (bars, restaurants, etc.). Mais ça s'en vient, car avec le grand complexe Mazagan à 15 minutes d'El Jadida, ça va peut-être changer. Ça a déjà commencé...
El Jadida - l'ancienne Mazagan des Portugais.
Le poste de police - El Jadida
Le côté moins riche d'El Jadida
La caserne à El Jadida - une scène d'Othello d'Orson Wells y a été tournée.
C'est triste, cette histoire de sniffage de colle pour les jeunes... Si ça se voit du côté des touristes, imagine ce que ça a l'air dans les quartiers pauvres... :(
RépondreSupprimerQuel contraste avec ces magnifiques villes..!