Un festin à Safi



C'est dimanche à Safi. Le soleil se couchera bientôt, la place de l'indépendance est bondée de gens, on entend les vagues se briser aux pieds des falaises rocheuses toutes proches. La rue adjacente est un marché à ciel ouvert et l'ambiance est celle d'un weekend qui se termine, et à cela s'ajoute la fébrilité du match de foot Maroc-Algérie qui aura lieu ce soir. 




Près des fortifications et de la ruelle principale qui plonge au coeur la médina, il y a plusieurs petits comptoirs mobiles. Je planifie mon souper. D'abord, je repère les stands de grillades et je me prends un sandwich chawarma, bien piquant, garni de frites croustillantes. Délicieux bonus. 5 dirhams. 
sandwich chawarma avec frites intégrées, aussi ergonomique que délicieux!

Je me dirige ensuite vers ce petit comptoir où un sympathique monsieur fait frire des beignes devant ses clients. Je les avais déjà vus dans des étalages de pâtissiers, mais jamais comme ça, frits en direct devant soi, comme ceux qui me faisaient rêver dans le film 'mon oncle' de Jacques Tati. Gros, tendres et chaud, et juste assez sucrés. 1 dirham. Je veux en laisser 2 mais le monsieur insiste pour me remettre ma monnaie. Il me fait un clin d'oeil semblant me dire 'on est pas à Marrakech mon ami, ici!' Je déguste la merveille en regardant le soleil couchant. 
 'Big Beigne'

Je ne sais pas si c'est l'appel de la prière qui résonne dans la ville, ou ma conscience, mais je sens que je dois manger l'un des fruits frais qui sont étalés pas loin. Entre les fraises énormes et rouges foncées et les oranges cueillies toute-à-l'heure, j'opte pour ces dernières. 2 dirhams. Grosses comme des pamplemousses et sucrées comme des clémentines, je me retiens pour ne pas gémir de plaisir. 

Je suis rassasié. Ana schbet! Hemdulileh! Je me mêle à la foule à nouveau, et marche un bon moment histoire de digérer, et je tombe sur ces étalages de pâtisseries variées, millefeuilles, pains au chocolat, cornes de gazelles etc. Ce sont des torsades aux pistaches qui affaiblissent ma résistance. Je flanche. 1 dirham. Et j'exulte. Je retourne écouter les vagues, les doigts tout collants.
Ce festin à Safi ce dernier dimanche de mars ne m'a couté que 1,25$!




Mer et désert - Dakhla, Sahara marocain

voici quelques photos de la région de la Baie de Dakhla


Il n'y avait que 2 cm d'eau... j'avais l'impression de marcher sur l'eau ce jour-là...

Facile de trouver de l'espace pour soi dans ces grands espaces


Le camp de kite-surf Dakhla-attitude

Pas de vent; pas de kite-surf...



L'île du Dragon que l'on voit de partout dans la baie...
île qui porte bien son nom lorsque vue de côté...
étranges effets des courants sur le sable et étrange petite brume ce matin-là.

Le phare du côté de l'Atlantique...

Le kite-surf à Dakhla

Le camp de kite-surf de Dakhla-attitude est situé à 28 km de Dakhla, 2e ville en importance du Sahara occidental. Comme je l’ai expliqué dans un ‘post’ précédent, je n’avais pas prévu me retrouver dans un tel camp sportif, mais l’appel de la mer et du désert m’ont mené à cet endroit…


samedi
Le jour de mon arrivée au camp Dakhla-attitude, lorsque je manifeste un intérêt à prendre des cours de kite-surf, la responsable, me conseille fortement de commencer dès l’après-midi : ‘’Il y a du vent! Il faut en profiter!!’’. Je m’inscris au cours de groupe, moins cher. On me dit de me présenter à l’école, qui en fait le hangar de storage du matériel, vers les 15h et qu’Abdel sera mon professeur.
En direction de l’école, je suis saisi par le nombre de kite-surf sillonnant la baie de Dakhla à toute vitesse. Le soleil est éblouissant, le ciel est très bleu, l’écume des vagues est très blanche, il vente énormément. Je me présente au hangar, il y a un panneau avec les photos des moniteurs de kite-surf. Ils ont tous de longs dreads blonds. Oula! Un marocain teinté en blond va me donner des cours de kite!! Finalement, Abdel arrive, et il a les cheveux rasés sous sa casquette. Après vérification, il ne reste qu’un seul moniteur à souscrire à cette ‘dreadfull’ mode de dreads blonds.
Je m’étais inscrit au cours de groupe. Mais je suis le seul débutant de tout le camp. J’aurais donc un cours d’une heure au lieu de deux avec mon moniteur. Bien-sûr qu’il y a un avantage à avoir toute l’attention du prof. Mais ça aide énormément de regarder des collègues et d’écouter leurs questions auxquelles on n’aurait pas pensé…

Le premier cours consiste à diriger un cerf-volant d’environ 1,50 mètre de large qui est une version miniature et sans armature des grandes ailes de kite. Comme ses grandes sœurs, il s’attache à un harnais à la taille et y est relié par 4 cordes. Il faut apprendre à diriger la chose avec détente, car comme le dit Abdel ‘’le kite-surf ne nécessite pas de force, c’est un sport technique’’. Ça commence bien! J’ai toujours été nul en sport technique!
Dimanche
Le lendemain matin, il s’agît d’une aile de 3 mètres ayant une armature comme les vraies. Ça aurait dû être évident mais je constate avec surprise que l’armature est gonflée… Cette aile tire bien davantage. J’ai parfois l’impression qu’elle va m’emporter et me traîner sur le sol devant tous les pros, en espérant que si ça arrive, je ne pousse pas de cris de petites filles. Je dois faire des huit dans le ciel, puis je perds le contrôle, elle tombe durement au sol. ‘’Elle tombe deux autres fois au sol comme ça, et elle éclate’’ me prévient Abdel. Me voilà plus détendu.
L’après midi, c’est une aile de 6 mètres qu’Abdel me prépare; alors celle-là, elle m’impressionne, elle est majestueuse. Cependant, mon look à moi ne m’impressionne pas… comme je l’ai dit je suis le seul débutant dans ce camps de pro. Puisque cette aile, c’est du sérieux, je dois mettre un wetsuit, qu’évidemment Abdel me dit après que je l’aie revêtu qu’il est du mauvais sens – comment aurais-je pu savoir que le zipper va dans le dos! Ensuite je dois mettre un gilet de sauvetage – je suis le seul à en mettre un – car d’ailleurs, la baie n’a que 4 pieds d’eau à marrée haute, et pour couronner le tout, je dois mettre un casque de protection, il est rose, super! De quoi bien souligner mon statut de débutant profond devant tous.
Abdel me prévient, il ne faut pas trop la mettre au vent cette aile, il faut la laisser au zénith car celle-là, elle peut t’emporter! J’essaie de ne pas trembler. Six mètres de large, c’est quand même plus grand que le bungalow où je loge! Je fais les manœuvres, je suis prudent, et ça va. Mais soudain, elle tombe. ‘’Mais non, mais non!! Tu tires toujours, mais lorsqu’elle tombe tu dois pousser, mais si les externes sont flasques, là tu tires!’’ pousse, tire, pousse, tire, je suis tout mêlé. Il faut maintenant aller diriger l’aile, l’eau à la hauteur des cuisses, afin de sentir cet élément qui deviendra majeur dans la pratique de ce sport. Abdel me montre une technique importante, celle de faire relever l’aile lorsqu’elle tombe à l’eau. Il faut tirer sur les cordes centrales pour la mettre du bon côté, ensuite tirer sur l’externe gauche par petits coups pour l’amener à trois heures (par rapport à la fenêtre du vent!), et de là, il faut pomper jusqu’à ce qu’elle lève. Je fais quelques manœuvres, elle tombe, et Abdel me crie après ‘’hé! Ho!! Qu’est-ce que j’ai dit tout à l’heure. Tu as encore tiré!!’’ Maintenant relève là comme on a vu. Bon, c’est quoi déjà? il faut donner des petits coups? Non. Tirer sur les cordes, lesquelles? ‘’NON mais on vient de voir ça ensemble!!!’’ Je reste cool car c’est vrai j’aurais dû savoir.
L’aile remonte avec son aide, puis toujours dans l’eau jusqu’aux cuisses, Abdel me dit de me mettre à genoux. D’accord. ‘’Mets ton ventre vers l’avant’’. Je me penche légèrement en essayant de garder le contrôle sur la barre de direction, mais cela me fait perdre l’équilibre, et je cherche ce qu’il peut bien vouloir dire tout en avalant quelques gorgées d’eau, puis je me replace mais ce faisant, je perds le contrôle de l’aile qui tombe disgracieusement. ‘’Allez! Tu sais comment la remonter maintenant!’’. Recrachant une gorgée d’eau salée, j’essaye de me souvenir la technique : cordes internes? Externes? Je pousse des petits coups sur l’une des quatre cordes. ‘Hé! Ho! Qu’est-ce qu’on a dit tout à l’heure? Tu disais que tu avais compris?’’ Puis il me la fait remonter en deux secondes en marmonnant en arabe, ce que je devine être quelque chose comme : ‘criss d’incapable de téteux d’endormi de marde’. C’est en fait ce que je me dis à moi-même.
Mais maintenant, il faut reprendre cette histoire d’à-plat-ventre dans l’eau en contrôlant la barre du kite alors que la barre attachée à ma taille est sous l’eau. En fait ce que je dois faire c’est carrément de me faire tirer par le kite car jusqu’à maintenant, j’avais toujours eu les pieds au sol et je devais résister à l’appel du kite. De plus, ce que je me suis efforcé à ne pas faire tout à l’heure avec cette grosse aile de 6 mètres, soit la mettre en plein vent, eh bien, je dois le faire maintenant, car on veut qu’elle me tire. Le premier essai va mal. Je ne réussis pas à amener l’aile au vent, elle reste au zénith, et je me mets à espérer que ce soit le genre d’exercice difficile qui fait paraître le vrai sport facile par après. Je recommence, puis je réussis à bien positionner l’aile et je réussis à dessiner quelques huit en plein vents, et l’aile me tracte, je fais quelques zigzags dans l’eau et ma foi, je trouve ça pas mal le fun!! Le cours se termine, Abdel me dit que ça a bien été (!), et on continue ça demain!



Lundi, mardi
Le lendemain, il ne vente pas. Du moins, il ne vente pas assez pour donner un cours à un débutant. Le surlendemain est identique…
Il me reste deux jours! Vais-je surfer avec un kite?


Mercredi
Avant-dernier jour. Ce matin. Il vente un peu. Pas beaucoup. Il se pourrait bien que j’aie un cours. Je ne me présente même pas le matin car la marée est basse. Lorsque j’arrive l’après-midi, c’est une aile de 10 mètres qui m’attend. ‘C’est pour moi, ça? C’est pas un peu vite?’. En même temps, je stresse moins que je ne l’aurais cru moi-même. Les deux derniers jours m’ont permis de décanter l’information. De plus, quelques pros, les vrais, avaient navigué pendant les jours précédents – avec peu de vent – avec des ailes de 14-15 mètres. Ces monstres étaient tout doux, et je crois que ça a rendu l’affaire moins effrayante. On aura aussi compris quel,on adapte les voiles à la puissance du vent. Cette voile de 10 mètres avec ce vent doux ne tirera pas plus que celle de 6 mètres avec un vent fort.
L’acte de se faire tirer dans l’eau par la voile s’appelle nage tractée.  Je fais donc pendant une heure de la nage tractée, en faisant faire des loopings avec la voile ce qui me fait faire des zigzags sur l’eau sur des centaines de mètres. C’est fantastique. Je ne fais pas tomber la voile de tout le cours, et à la fin, j’ai même droit à un ‘two thumbs up’ d’Abdel!

Au dernier essai j’ose d’avantage, et je fais tournoyer l’aile plus bas ce qui me fait littéralement voler au-dessus des flots. En arrivant trop près du rivage, je fais redresser l’aile rapidement, puis elle s’emporte dans l’autre sens, poussée par une rafale. Le haut de mon corps tourne dans une direction pendant que le bas reste fixe. J’ai une sacrée sensation d’avoir tordu mes côtes...


Jeudi
Au dernier jour, j’apprends que ce n’est pas le dernier. Le lendemain, mon avion n’est qu’à 21h45 alors j’aurai d’autres cours. Aujourd’hui, j’aurai une planche avec mon kite. Enfin, il vente comme les sportifs de voiles le désirent; il n’est que 10 heures du matin et la baie a déjà tout l’air d’une ruche tant il y a des kite-surfers, qui s’en donnent à cœur joie après avoir été frustré pendant plusieurs jours. J’ai deux nouveaux profs car j’ai de nouveaux collègues de classe. C’est un vrai cours de groupe. Morad et Driss sont d’une grande gentillesse, ils m’expliquent bien les étapes, ce qui ne veut pas dire que ce sera facile, loin de là! D’abord, ils me montrent comment récupérer ma planche à la nage, tout en gardant la voile dans les airs. Ensuite comment marcher contre le vent avec la vole dans les airs.
Une fois ces techniques maîtrisées, c’est le grand moment! Ils montent la voile pour moi, ils la tiennent pendant que je glisse mes pieds dans les sangles, m’accrochent et je dois partir. Je ne vois pas du tout comment j’y arriverais sans leur aide mais bon, allons-y quand même! La première heure, je fais des progressions de quelques mètres sans vraiment sortir de l’eau. À un certain point, Driss me dit d’être plus agressif, de faire tourner la voile davantage pour que le vent prenne bien dedans. Mais aussi, il faut bien orienter sa planche, fléchir les jambes, inégalement, pour privilégier une direction et avancer. Enfin, lorsque la voile mord au vent, il faut se pencher vers l’avant pour sortir de l’eau. Et ça marche! Je fais 75 mètres! L’après-midi, on poursuit et je fais 100 mètres! Je suis en extase. Mais j’ai mal aux côtes et j’ai des ampoules aux pieds. Réussirai-je à tenir davantage demain?


Vendredi
Pendant la nuit, je me réveille à cause de la douleur aux côtes. C’est probablement l’espèce de twist que je me suis fait en fin de cours mercredi qui en est la cause. Je suis triste car faire du kite-surf n’est pas une bonne idée dans cette condition. Je suis triste car je n’ai pas de photos de moi en train de faire du kite! Mais bon, mieux vaut être prudent. Surtout qu’il me reste 2 mois à voyager.


Les taxis au Maroc

Mes expériences avec le taxi au Maroc…
Il m’est arrivé toutes sortes de trucs avec les taxis au Maroc. D’abord, il faut savoir qu’il y a deux sortes de taxis : les petits-taxis qui sont, comme leur nom l’indique, de petites voitures qui vont pratiquement partout et les grands taxis qui suivent des trajets fixes, comme des autobus, et partent lorsqu’ils sont pleins (3 personnes devant, 4 derrière), ce qui n’est jamais longs. Les grands taxis sont populaires car ils ne sont pas chers. Les petits taxis aussi, il faut les partager avec d’autres passagers (c’est comme ça qu’ils peuvent devenir rentables). Le conducteur a un compteur multiple pour calculer la route de chacun des passagers. Il faut parfois faire un détour pour un passager mais d’habitude, les conducteurs n’acceptent que les passagers qui ont un itinéraire conséquent avec le premier passager.


 Les taxis bleus de Rabat

 Les taxis blancs d'El Jadida



Les taxis dorés-orangés de Marrakesh

À Marrakech, je ne suis jamais tombé sur un taxi qui avait un compteur fonctionnel. Il faut dans ce cas établir le montant d’entrée de jeu. À Rabat, ville policée entre toutes, ils ont tous des compteurs fonctionnels, ce qui illustre bien la différence de mentalité entre ces deux villes très différentes.
 À Marrakesh, le lendemain de mon arrivée, mon amie Karyne m’avait donné rendez-vous aux jardins de la Ménara, de l’autre côté de la ville. Elle m’a dit ‘ça ne devrait pas te coûter plus que 15 dirhams’. Lorsque je suis arrivé à la station de taxis, j’ai calculé dans ma tête; ça ne faisait que 2$, je me suis dit que j’avais dû mal comprendre et que le montant devait être 150 dirhams, me disant que j’avais dû diviser tout de suite par 10 (1 euro= 10 dirhams). Alors c’est le prix que j’ai donné fièrement au taxi, prix 10 fois trop élevé, que le conducteur a bien-sûr accepté, et ce fut d’ailleurs l’un des plus sympathiques conducteurs de taxi de tous! Et dire que je lui ai donné un généreux pourboire parce qu’il était si gentil!!
Morale de l’histoire : ils ne sont pas chers, mais ça je ne le savais pas! Surtout que j’avais remarqué que l’essence était le même prix qu’au Canada. Pourquoi les taxis seraient moins chers alors? C’est malheureusement leur salaire qui écope.


Une autre fois, je revenais tard d’une sortie dans la nouvelle ville de Marrakesh. Le conducteur était rase-bol et avait plutôt l’air sévère. Il faisait jouer une musique chantée par un homme, a capella, en arabe bien-sûr, et voulant dire quelque chose après un long moment de silence, je dis ‘l’musika l’zwina, zwina!’ – belle la musique! Il se tourna lentement vers l’insecte qui lui avait adressé la parole et me regarda de ses yeux sévères. ‘Quran’. Puis il me parla en arabe et au bout d’un moment je compris qu’il me demandait si j’étais chrétien. Je dis que oui, estimant qu’il valait mieux dire ça que la vérité, soit que je suis athée. À ma réponse, il eût une expression indéchiffrable, et je me suis dit que j’étais mieux de lui faire plaisir à celui-là. ‘’Je suis chrétien, mais la religion musulmane me plaît bien, je suis ici pour en apprendre davantage’’. Je me suis dit qu’il n’égorgerait tout de même pas un futur converti! Arrivé à destination, il me dit le prix, 40 dirhams, un peu cher mais je ne contesta pas, puis je sorti le seul billet que j’avais, un 100 dirhams. Il me fît une moue, puis me dit qu’il n’avait pas de change (il y a un manque réel de petites coupures dans ce pays). Ne voulant que partir, je lui dis, ‘gardez tout, ça va Choukran! Beslama!’. Je m’éloignai à grand pas, puis il m’interpella. Je me retournai, puis il me tendit un CD par sa fenêtre que je devinai être celui du Coran, ‘’pour pardonner moi pas de monnaie!’’. Morale de l’histoire, ce n’est pas parce qu’il avait l’air méchant qu’il l’était!

 Les taxis bleus-poudre de Meknès

Les taxis rouges de Fès

À Dakhla, j’avais réservé à l’Hôtel Sahara Regency, qui est un hôtel très bien, construit dans les années ‘90 mais à la mode des années ‘80, et situé au cœur de cette petite ville, toute rénovée mais loin de tout, dans le Sahara Marocain, 1000 km au sud d’Agadir, 500 km au nord de la Mauritanie. J’avais un problème : je ne m’y sentais pas bien. D’abord, il y avait tous ces soldats de l’ONU, ce qui donnait une ambiance moyennement cool, (le Sahara marocain est un territoire litigieux depuis des années). Ensuite, le site web laissait croire que l’hôtel avait un accès à la plage, ce qui n’était pas le cas en vérité! Le premier soir, je m’approchai de la rive pour voir comment je pourrais bien y accéder (plage publique? Autre hôtel?), lorsque j’aperçu une plage entre deux quais, un garde s’approcha de moi et me demanda ‘Civil ou militaire’, - ‘touriste’ répondis-je. Il me fit signe d’aller marcher ailleurs. Ça voulait donc dire que je ne pourrais pas accéder à la mer cette semaine? Autre raison pour laquelle mon choix s’était arrêté sur cet hôtel était le choix alléchant des excursions : ‘visite à la dune Blanche’, ‘pêche à l’huître’, ‘baignades plage déserte’. Lorsque je désirai m’inscrire à l’une d’elles, on m’expliqua que l’on devait être minimum 5 personnes. Je doutai que les soldats de l’ONU veuillent m’accompagner à la pêche aux huitres, et la réceptionniste aussi je crois. Pour finir, Dakhla, qui ne ressemblait pas autant au bout du monde autant que je ne l’avais espéré, me faisait surtout penser à Rimouski, et alors que j’aime beaucoup cette dernière, ce n’est pas ce dont j’avais envie. Rimouski en août avec le même vent frais de la mer, le même soleil, la température de 20 degrés, frais à l’ombre et le soir, une ligne montagneuse au loin – ici ce n’est pas un fleuve mais une baie, et la mer que l’on peut voir mais qui est en gros inaccessible. Un Rimouski où il n’y a rien à faire de surcroît. Dakhla est une ‘petite ville’ mais a tout de même plus de 40 000 habitants et est assez étendue. Il aurait fallu marcher 10 km pour avoir accès à une plage, probablement surveillée par des soldats… Le bout du monde que je m’imaginais, et que le site visitmorocco.com laisse miroiter, était plus près de la nature que ça.
Le lendemain matin, après m’être assuré que je pouvais quitter cet hôtel, je réservai au camp de kite-surf Dakhla-attitude. Là-bas, au moins j’allais pouvoir être au bord de l’eau, et peut-être faire du kite-surf. Situé au fond de la baie à 28 km de Dakhla, la dame des réservations de cet endroit m’offrit de venir me chercher. Je déclarai que je pouvais faire le plus gros du chemin en taxi. Elle me répondit : ‘D’accord, rendez-vous au KM 24, là où il y a les caravanes, et de là appelez moi et nous irons vous cherchez’. Sur le trottoir du boulevard principal de Dakhla avec ma grosse valise, j’entrepris de héler un taxi. Le premier qui s’arrêta se rebiffa lorsque je lui mentionna ‘km 24’, il me dit : ‘l’bouliss!’’. Police? Le second me répondit la même chose mais je compris  que je ne devais pas prendre un ‘petit taxi’, mais un ‘grand taxi’. Au 3e petit taxi qui s’arrêta, je lui demandai de me mener à la station des grands-taxis, car je voulais aller au ‘km 24’. Il me demanda où je voulais aller en arabe, et je lui répondu un mot sur trois en arabe que je devais aller au km 24, et que de là un chauffeur viendrait me chercher. Il me parla longuement en arabe et semblait positif et surtout me disait clairement de laisser faire les grands taxis… Cool!! En voici un qui n’a pas peur de la police!! Une fois en route, environ 8-10 km plus loin, bien sortis de la ville, il y avait effectivement un petit contrôle policier. Allait-il me débarquer ici? Mais non, le policier nous fit signe de passer. Super. Deux kms plus loin, le taxi s’arrêta. Je lui demandai ‘ici le km 24?’.  Et je pus saisir ces mots : ‘’La, la, l’bouliss,.. grand taxi iyyeh, la, la petit-taxi ‘ et je compris qu’il ne pouvait pas aller plus loin et que j’aurais donc dû prendre un grand-taxi. Mais pourquoi ici? Et pourquoi pouvait-il dépasser le poste de police de deux kilomètres? Pourquoi ne pas faire les 10-12 km qui restent? Et sans savoir pourquoi, je payai et débarquai en lui disant merci. J’étais donc sur une route dans le désert avec un soleil de plomb. J’ai appelé la dame de Dakhla-attitude lui expliquant que le taxi m’avait laissé le plus loin qu’il pouvait et que ce n’était pas loin (ouin! Disons) du poste de police. ‘Très bien, restez au poste de police, ne bougez pas, un chauffeur qui fait des commissions en ville passera vous prendre. J’ai roulé ma grosse valise sur les deux km qui me séparaient du poste de police. Il n’y avait pas vraiment d’abri contre le soleil au zénith (on est sous le tropique du cancer et s’était trois jours avant l’équinoxe, le soleil était vraiment au zénith!).
Et j’ai attendu une bonne heure comme ça à regardez les camions de ravitaillements allant à la ville, les convois de l’ONU en sortir, un monsieur berbère, peau parcheminée, yeux bleus, sur son âne qui m’a dit un beau Salam aylekum, et trois hommes dans une très vieille Rolls Royce qui se sont arrêtés pour me demander si je voulais me rendre en Mauritanie. Avec leurs dents en or, leurs turbans, les tatous sur leurs visages bronzés et leur air tout droit sorti d’un film d’aventure, j’ai failli dire oui pour entendre les histoires qu’ils devaient avoir à raconter. Ils ressemblaient ce à quoi des hommes qui ont vécus beaucoup d’aventures doivent ressembler. Moral de l’histoire : débarquer d’un taxi à un endroit imprévu peut vous faire voir des choses que vous ne pensiez jamais voir.

À Fès, en rentrant, je m’apprêtait à mettre ma ceinture, simple réflex, lorsque le conducteur me dit ‘’Non, non, non! Pas besoin. On est en ville ici. On ne dépasse pas 60 km! Pas besoin de ceinture!’’. Connaissant comment tous les taxis conduisent, je l’aurais bien mise!!




Le hammam



Bab Boujeloud - Fès

Que fait-on un jour de pluie à Fès alors que les ruelles de cette ville édifiée sur une longue pente sont comme des torrents? Eh bien, on va au Hammam se réchauffer. J'y étais déjà allé à Marrakesh et avait adoré l'expérience. Je pouvais maintenant comparer.

À Marrakesh, c'était le hammam 1000 et une nuits. Un hammam décoré de façon traditionnelle marocaine avec tapis et tentures aux couleurs rouges et chaudes. La salle d'attente était meublée de 4 divans confortable en lainages colorés. 
Un homme en costume sport que je crus d'abord être un client (ça allait être le masseur) me fit un discret bonjour de la tête et me dit sans sourire 'déshabille-toi' en me tendant un panier d'osier dans lequel j'allais mettre mes vêtements. Il me regarda pendant que je me dévêtais - petit malaise - et me dit à juste à temps 'garde le slip' (non, non, je ne mets pas de speedos, c'était un boxer mais ici ils appellent tout ça des slips). Il mît le sac dans un casier, me donna la clef, puis m'indiqua une porte qui s'ouvrait sur une salle de douches. Du cadre de la porte, il me fit signe de continuer jusqu'au fond. 
J'arrivai dans une petite salle embrumée et chaude (rien à voir avec les grandes salles avec piscines des bains turcs) où deux hommes en slips noirs et aux gabarits de lutteurs me saluèrent. L'un d'eux ouvrit une autre porte: 'hammam, va 15 minutes pas plus' dit-il. Le petit sauna vapeur faisait 5 mètres sur 3 et était si rempli de vapeur que j'eut peine à y discerner deux autres clients: un allemand et un japonais. J'y sua à grosses gouttes le temps requis, puis l'un des lutteurs vint me chercher. 
Je savais que c'était le moment du gommage, mais je ne savais pas encore c'était quoi exactement. Le lutteur me dit 'assis-toi!' d'une voix chaleureuse. Il m'endusitt de ce savon-pâte noir et graisseux à base de noyaux d'olives avec des mains fortes. Quel étrange sensation que de se faire frotter et laver le corps par quelqu'un d'autre que soi, et en public de surcroît! Il y mettait tant de force que c'était en fait un massage - le plus vigoureux que je n'avais jamais eu. Pendant ce temps, sur l'autre table, un autre client se faisait littéralement tordre le corps par l'autre lutteur. Oula! Souffrance devant! 
Une fois bien badigeonné, on m'expédia à nouveau dans le sauna quelques minutes. Ensuite, c'était le moment du gant de crin qui, avec l'aide préalable du savon noir, enlève toutes les peaux mortes du corps. Ça fait mal, des rouleaux de peaux se détachent du corps, mais ça fait du bien!! Ensuite shampoing à l'argile pour les cheveux et tout le corps. Douche et repos dans la salle dédiée à cet usage et où l'on me servit un thé à la menthe, bienvenu après toute cette sudation.
Ça, c'était à Marrakesh.
À Fès, on me recommanda le Spa Nausikaa, dans la ville nouvelle. Alors si celui de Marrakesh en était un de style traditionnel habitué de recevoir des touristes, celui-ci était tout épuré, moderne, mais destiné aux Fassis - les locaux!
C'est là que je compris que le lutteur de Marrakesh y avait été tout doucement avec ma petite peau d'occidental. Ici, à Fès, je cru saigner lorsqu'il me frotta avec le gant de crin. Et j'eus droit au traitement du tordage de corps que j'avais entraperçu et dont on m'avait épargné à Marrakesh. Il me pliait le corps de toutes les façons imaginables et essayait de me faire craquer - je ne suis pas de nature craquante - et je ne suis pas souple alors j'ai cru quelques fois que j'allais tout simplement casser. Mais bon, tout ça a fait tellement de bien!
Après, c'était le massage. À Marrakesh, c'était un homme. Logique, l'horaire de ce Hammam est divisée en deux, une partie du jour est dédiée aux hommes et l'autre aux femmes. 
A Fès, l'étage des massages est mixte; je fus surpris de me faire masser par une fille dans ce pays où il n'est pas polie pour un homme d'aborder une femme inconnue, ne serait-ce que pour un simple renseignement. Et aussi, eh bien, je ne sais pas pour les femmes, mais les marocains massent presque partout, ventre et pectoraux inclus. Egalement, dans les deux cas, on m'a massé longuement les jambes (super, parce que la marche est mon activité principale dans ce voyage). La masseuse de Fès, elle, m'a carrément massé jusqu'à l'aine, et l'intérieur des cuisses, et j'ai dû penser à toutes sortes de choses répugnantes pour ne pas être - disons - embarrassé. Cela dit, le contexte était totalement professionnel et elle n'était pas en train d'ouvrir une porte qui aurait mené à une autre sorte de massages. Soyez rassurés. C'est juste que je crois que les 'parties du corps privées' - celles qu'un masseur ne toucherait jamais - sont plus nombreuses et étendues chez nous. Et je fus donc surpris qu'une femme marocaine - super discrète d'ailleurs - soit aussi à l'aise à me tripoter partout de la sorte.
On ressort du hammam rose et lisse comme un sou neuf, détendu et invincible à la pluie qui tombe encore.

Fès sous la pluie



Le gardien qui voulait se faire corrompre...

Aujourd’hui, je suis allé voir le musée Dar Jamaï de Meknès. Comme dans tous les musées du Maroc où j’ai été jusqu’à maintenant, l’entrée est de 10dh, soit un peu plus de 1$. Si les interdictions de filmer sont habituelles, c’était la première fois que je voyais une interdiction de photographier ici. Je payai mon entrée et m’avança dans ce musée dont on dit qu’il est l’un des plus beaux du pays. Un garde sévère me surveillait. Un groupe de touristes s’apprêtait à sortir. Il ne restait que moi. 
J’entrepris ma visite et lu attentivement la lecture des informations sous le regard non moins attentif du garde qui me suivait d’une salle à l’autre. Son regard m’incitait à lire toutes les notices, comme un étudiant se concentre sous le regard du professeur. Je compris bien-sûr qu’il me surveillait pour être certain que je ne prenne pas de photos, mais j’étais un peu surpris de tant de zèle. Je montai au deuxième étage. Il me suivait encore, l’air toujours aussi sévère. Avais-je l'air si louche? Je commençais à avoir le goût de partir… 
J’arrivai devant la reconstitution d’une chambre d’époque, avec meubles et riches décorations. Le garde, pas loin derrière moi me lança, avec un sourire sympathique qui me fit me demander si c’était bien le même homme : ‘’C’est la chambre d’un Ministre, vous avez le salon ici, le bureau là et la chambre à coucher là bas. C’est beau n’est-ce pas?’’ C’est magnifique répondis-je…‘’Vous n’avez pas d’appareil photo?’’. Ben euh, oui, mais ce n’est pas interdit? ‘’Shhh! Shhh! Allez! Allez!! Prenez!!’’ J’hésitai, l’idée d’un piège me traversa l’esprit, puis je pris quelques photos sous son regard approbateur. 
                                                                                                                                    

       
Puis, semblant me signifier que je n’en avais pas prises suffisamment, il prît mon appareil et me fit signe de me placer devant la ‘scène’. Il prît quelques photos, puis me fit signe d’enjamber la corde qui délimite l’entrée de la chambre, ‘’Allez, entrez! Entrez! La photo sera meilleure!!!’’ J’enjambai la corde sans trop m’avancer. ‘’Allez plus loin! Allez, personne ne regarde!!’’ ‘’Non, non, ça va comme ça’’ dis-je complètement figé. Il prît sa photo et je sorti de la chambre me disant que je n’avais pas ressenti cette sensation - celle de commettre un méfait complètement inutile – depuis l’adolescence. 

trop nulle cette photo!
derrière la corde...

Que j'ai l'air à l'aise!

‘’Vous êtes content des photos?’’ euh, oui oui. (ouais!!) Merci beaucoup! ‘’À votre service monsieur’’ dit-il tout en restant bien planté devant moi. Je sortis 20 dirhams qu’il prit en me remerciant brièvement. Il s’éclipsa car d’autres voix montaient de l’escalier. Je sorti du musée en roulant les yeux. 

Un barbier à Meknès

Bab Mansour - Meknès

Je devais me faire couper les cheveux avant d’aller au soleil du désert de Dakhla. J’étais à Meknès, il pleuvait, et je me suis dit que c’était le bon moment pour visiter le barbier. En me promenant la veille, j’en avais vu plusieurs. Dès que je verrais un salon bien tenu et pas trop occupé, j’irais. Comme toujours dans ces villes, il y a tant de choses et tant de commerces et les rues se ressemblent si souvent que ce que vous voyiez la veille partout, eh bien, vous ne le trouvez plus le lendemain. 
J’ai fini par voir un petit salon propre, un km plus loin de là où je croyais en trouver. Le barbier ressemblait à un jeune Gregory Charles, il avait l’air sûr de lui alors qu’il rasait adroitement un client et ça m’a inspiré. Je suis donc rentré et il m’a salué et m’a invité à prendre place sur la chaise d’à côté. Tiens, me dis-je, il travaille sur deux ‘postes de travail’? Craignant ne pas avoir compris, je me suis assis sur le divan d’attente à côté d’un jeune d’environ 11 ans. 
Une fois assis, je vis les diplômes sur le mur et plusieurs photos de ce jeune barbier à l’œuvre. Je regardai la télé qui diffusait les nouvelles et me suis rendu compte qu’un vieil homme priait dans le coin derrière un poste de travail. Ça semblait être un vieux robineux. J’en ai conclu que le barbier laissait les ivrognes prier à l’intérieur de son commerce, à l’abri de la pluie et des regards, dans un geste de générosité. Le barbier en avait finit avec le client précédent, il invita l’enfant à s’asseoir, puis m’invita encore à m’assoir sur le poste d’à côté. Merde… me dis-je, c’est l’ivrogne qui va me couper les cheveux. 
Effectivement, celui-ci s’avança et je pus mieux le voir. Il était maigre et moustachu, vêtu d’un veston trop grand, et avait vraiment le visage de quelqu’un qui a le foie usé par l’alcool. Il semblait fragile comme une vieille dame. Avant que je ne me lève et parte, il me mit l’espèce de couverture plastique d’usage et me marmonna quelque chose en arabe. J’ai tenté une réponse dans mon arabe élémentaire à sa probable question ‘’plus long ici, moins ici’’. Il me répéta sa question, en français cette fois-ci : ‘’un ou deux?’’ ha! Le clipper! C’est comme chez nous! Numéro deux! jouj afak! Je me suis persuadé que ça irait bien, après tout, il devait bien avoir 50 ans de métier! Il mit de l’alcool sur un porte-lame puis y mit le feu. Fiew! Stérilisé! Puis il se mit au travail. 
Bon, s’il ne déplaçait pas des masses par son énergie discrète, le monsieur avait tout de même le geste doux et délicat. Mais il échappait constamment les adaptateurs pour le clipper, ce qui me fit craindre le moment où il me raserait. Mais tout se passa bien. Et le résultat me plût bien. Bon travail A Sidi! Le prix, 20 dh, soit environ 2,50$, me gêna et je lui laissa 50 dh, ce qui est encore ridiculement peu cher comparé à nos prix occidentaux…

Place El Hedim - Meknès... il faut que je parle de ces enfants que l'on voit là-bas...

La pluie est terminée, on prend un bon thé sur la Place El Hedim

Le premier choc à Marrakesh

Lorsque le taxi m’a déposé à la place Moukef à Marrakesh, je me suis mis à rire tout seul tant le dépaysement me frappait comme une claque au visage. Ça bougeait de partout! Des mobylettes zigzaguaient autour du taxi, il y avait deux ânes surchargés de tapis qui semblaient fort mécontents tant ils brayaient juste à côté, des hommes en djellabas s’interpellaient joyeusement en traversant la place. Il était tard, mais c’était comme l’heure de pointe ici. 
Place Moukef - le jour. Beaucoup plus relaxe...

Hisham, le sympathique conducteur qui m’avait cueilli à l’aéroport, alla chercher, pour la suite du trajet jusqu’à mon riad, un homme au visage plissé comme un papier journal chiffonné; «Le taxi ne va pas là bas! petite ruelle! Amin apporte la valise à toi au riad!». L’homme au visage chiffoné – Amin –  embarqua ma valise sur une énorme brouette, qui à sa couleur, doit habituellement transporter de la terre ou quelque chose du genre. Je le suivis dans le brouhaha de cette place en constatant que j’étais le seul touriste; la place Moukef n’est certes pas la Place Jmaa El Fna, la grande place et centre touristique de Marrakesh. Nous pénétrâmes dans un ruelle, puis plusieurs succèdèrent, de moins en moins larges, de moins en moins éclairées. À un moment donné, la ruelle était si étroite que je me demandai si la brouette allait passer, et je dû même me pencher pour passer. Il faisait noir, et je me dis, bon dieu, où vais-je me retrouver, et vais-je pouvoir trouver le chemin du retour tout seul. Après un dizaine de minutes de marche, on arriva devant une lourde porte de bois. Je donnai 20 dirhams au porteur qui maugréa en regardant la somme. 
On ouvrit sur une sorte de petit corridor anonyme et je me dis «tiens, ils m’ont fait entrer par la porte de derrière, ce qui explique le dédale de ruelles peu invitantes, probablement plus près de la place Moukef. La véritable entrée doit donner sur une ruelle plus grande qui mène facilement à la Place Jmaa el Fna. Abdelleh m’accueillit, souriant jeune homme à la voix haute perchée et qui prit ma valise plus grande que lui malgré mes protestations. Il  sembla geler malgré son manteau d’hiver et me fit traverser les deux jardins du riad en s’excusant de la température, comme si j’allais mal juger le Maroc à cause du froid. En regardant l’endroit, je fus vite rassuré; je serai bien ici. Il me montra la chambre, le fonctionnement de la clim qui peut servir de chauffage et me donna un plan fait à la main pour me rendre à la grande place demain. Tiens, c’est tout simple ce chemin me dis-je. Rien à voir avec le chemin qu’on vient de faire. Ça confirme qu’il y a une autre entrée.

Déjeuner sur la terrasse du riad Hadika Maria

Le lendemain, je pris mon petit déjeuner sur la terrasse, il faisait beau et chaud, j’étudiai mon plan pour me rendre à la Grande Place et je me lançai vers la sortie du riad. Première surprise, il n’y avait bien-sûr pas d’autre porte d’entrée. Je constatai que le plan était très simplifié – huit changements de directions étaient représentés par une ligne droite, parce que les alternatives étaient des culs de sacs. 
Je sorti néanmoins l’air sûr de moi et j’avançai d’un pas rapide, les mains dans les poches pour ne pas avoir l’air d’un magasineux. Un vieux monsieur en djellabas couleur chameau m’interpella. Il avait l’air sympathique, et il n’avait surtout pas l’air d’un vendeur. Que pourrait-il me vendre dans cette ruelle déserte, je n’étais même pas arrivé dans le souk! «Ha monsieur, monsieur! Viens ma maison, viens ma maison! Bon! Bon!!». J’avais entendu dire que des particuliers font de la cuisine pour des touristes, et que souvent c’est meilleur que dans les restaurants. L’expérience est dit-on inoubliable… Le monsieur avait une bonne bouille, je le suivis donc, il voulait sans doute me montrer son menu. 
On arriva devant une voiture, et il me dit «bon! Bon!» puis me fit signe d’attendre, il ouvrit la porte d’une demeure, une vieille femme avec une dent en haut et deux en bas me fit un charmant sourire. Le monsieur me poussa à l’intérieur. S’ensuivit une visite de fond en comble de cette grande demeure, plutôt dans un piteux état, avec peu d’atouts, et si j’en avais eu l’intention, je  n’aurais su comment la transformer en jolie riad hôtelier… à chaque dévoilement de pièce, le monsieur me dit «Bon!! Bon!! Pour toi! Pas cher! Tout pour toi! La tomobile aussi pour toi. 1500 dirhams.  Par jour. Pour toi!» Et La dame d’acquiescer après chaque exclamation enthousiaste du monsieur.
 Je cherchai une formule pour ne pas le blesser «très beau, Zwine! Zwine bezaf! Je vais y penser! Merci!» je me dirigeai vers la porte mais il me reprît par la main avec insistance! «Viens! Voir! voir!» en m’entraînant vers l’escalier qui mène sur le toit. Je me demandais comment j’allais m’en sortir. J’allais essayer encore un peu sans être méchant mais si ça ne fonctionnait pas, j’allais l’ignorer et sortir. «Je reviens dans un mois! Dans un mois je reviendrai vous voir. Là, j’ai déjà réservé pour ce séjour-ci. Au revoir!», fis-je en redescendant les escaliers. En sortant il mon montra l’agence juste en face; «lorsque tu reviens, va là!». Ok! Beslama! Bon, j’avais vraiment été lamentable.
J’allais devoir être bien plus allumé pour ne pas me faire enrubanner dans les souks de Marrakesh dans lesquels je n’avais pas mis encore les pieds.

Marrakesh: de la Place Jemaa El Fna à ma chambre: le plus court chemin!

Il faut se rendre dans le coin nord-est pour entrer dans les souks

on tourne à gauche devant cette boutique de lampes

On va jusqu'à l'avant-dernière entrée à droite

juste après être passé devant ce vendeur d'épices

Et voilà, la ruelle principale des souks; on va y faire un demi-km!

150 mètres plus loins

300 mètres

il reste 100 mètres

Lorsqu'on arrive dans les sacoches, on est presque rendu!
il faut tourner à droite au bout, sinon on est pris dans des boucles interminables.

on avance dans ces petits stands de grillades puis on tourne à droite

ici on va vers la gauche.

On avance vers la Mosquée Ben Youssef

La voilà à notre gauche! On continue!

On contourne ensuite la Medersa ben Youssef

On passe sous ces arches puis on entre dans la prochaine ruelle à gauche

On se faufile entre les enfants qui jouent au foot, puis au bout on tourne à droite

Au bout on tourne encore à droite

On entre ici, on ne se décourage pas!

ici, la nuit, on n'y voit rien!!

dernier corridor, notre riad est là au bout!

Et voilà! 20 minutes plus tard!
Riad Hadika Maria

voici de quoi à l'air le dernier segment de ruelle la nuit. 

Voici le premier jardin du riad

Le 2e jardin; ma chambre ce sont les deux fenêtres l'une au-dessus de l'autre
(oui ma petite chambre avait deux étages!

On ouvre! lavabo à gauche, porte de la toilette devant

Le petit escalier (qui une sorte d'hybride entre un échelle et un escalier en fait!

mon lit!

Vue de ma chambre... ça valait la peine, non?