Bab Mansour - Meknès
Je devais me faire couper les cheveux avant d’aller au soleil du désert de Dakhla. J’étais à Meknès, il pleuvait, et je me suis dit que c’était le bon moment pour visiter le barbier. En me promenant la veille, j’en avais vu plusieurs. Dès que je verrais un salon bien tenu et pas trop occupé, j’irais. Comme toujours dans ces villes, il y a tant de choses et tant de commerces et les rues se ressemblent si souvent que ce que vous voyiez la veille partout, eh bien, vous ne le trouvez plus le lendemain.
J’ai fini par voir un petit salon propre, un km plus loin de là où je croyais en trouver. Le barbier ressemblait à un jeune Gregory Charles, il avait l’air sûr de lui alors qu’il rasait adroitement un client et ça m’a inspiré. Je suis donc rentré et il m’a salué et m’a invité à prendre place sur la chaise d’à côté. Tiens, me dis-je, il travaille sur deux ‘postes de travail’? Craignant ne pas avoir compris, je me suis assis sur le divan d’attente à côté d’un jeune d’environ 11 ans.
Une fois assis, je vis les diplômes sur le mur et plusieurs photos de ce jeune barbier à l’œuvre. Je regardai la télé qui diffusait les nouvelles et me suis rendu compte qu’un vieil homme priait dans le coin derrière un poste de travail. Ça semblait être un vieux robineux. J’en ai conclu que le barbier laissait les ivrognes prier à l’intérieur de son commerce, à l’abri de la pluie et des regards, dans un geste de générosité. Le barbier en avait finit avec le client précédent, il invita l’enfant à s’asseoir, puis m’invita encore à m’assoir sur le poste d’à côté. Merde… me dis-je, c’est l’ivrogne qui va me couper les cheveux.
Effectivement, celui-ci s’avança et je pus mieux le voir. Il était maigre et moustachu, vêtu d’un veston trop grand, et avait vraiment le visage de quelqu’un qui a le foie usé par l’alcool. Il semblait fragile comme une vieille dame. Avant que je ne me lève et parte, il me mit l’espèce de couverture plastique d’usage et me marmonna quelque chose en arabe. J’ai tenté une réponse dans mon arabe élémentaire à sa probable question ‘’plus long ici, moins ici’’. Il me répéta sa question, en français cette fois-ci : ‘’un ou deux?’’ ha! Le clipper! C’est comme chez nous! Numéro deux! jouj afak! Je me suis persuadé que ça irait bien, après tout, il devait bien avoir 50 ans de métier! Il mit de l’alcool sur un porte-lame puis y mit le feu. Fiew! Stérilisé! Puis il se mit au travail.
Bon, s’il ne déplaçait pas des masses par son énergie discrète, le monsieur avait tout de même le geste doux et délicat. Mais il échappait constamment les adaptateurs pour le clipper, ce qui me fit craindre le moment où il me raserait. Mais tout se passa bien. Et le résultat me plût bien. Bon travail A Sidi! Le prix, 20 dh, soit environ 2,50$, me gêna et je lui laissa 50 dh, ce qui est encore ridiculement peu cher comparé à nos prix occidentaux…
Place El Hedim - Meknès... il faut que je parle de ces enfants que l'on voit là-bas...
La pluie est terminée, on prend un bon thé sur la Place El Hedim
Ha ha! Je m'attendais au pire!! Dieu merci, le vieux avait de l'expérience derrière la ceinture...
RépondreSupprimerMaxim, tu es un excellent raconteur. Je persiste à dire que La Presse ferait une place pour tes écrits. Super beau blogue!
RépondreSupprimerMerci JP! Venant d'un maître en la matière comme toi, ça fait plaisir!!
RépondreSupprimer