Le camp de kite-surf de Dakhla-attitude est situé à 28 km de Dakhla, 2e ville en importance du Sahara occidental. Comme je l’ai expliqué dans un ‘post’ précédent, je n’avais pas prévu me retrouver dans un tel camp sportif, mais l’appel de la mer et du désert m’ont mené à cet endroit…
Le jour de mon arrivée au camp Dakhla-attitude, lorsque je manifeste un intérêt à prendre des cours de kite-surf, la responsable, me conseille fortement de commencer dès l’après-midi : ‘’Il y a du vent! Il faut en profiter!!’’. Je m’inscris au cours de groupe, moins cher. On me dit de me présenter à l’école, qui en fait le hangar de storage du matériel, vers les 15h et qu’Abdel sera mon professeur.
En direction de l’école, je suis saisi par le nombre de kite-surf sillonnant la baie de Dakhla à toute vitesse. Le soleil est éblouissant, le ciel est très bleu, l’écume des vagues est très blanche, il vente énormément. Je me présente au hangar, il y a un panneau avec les photos des moniteurs de kite-surf. Ils ont tous de longs dreads blonds. Oula! Un marocain teinté en blond va me donner des cours de kite!! Finalement, Abdel arrive, et il a les cheveux rasés sous sa casquette. Après vérification, il ne reste qu’un seul moniteur à souscrire à cette ‘dreadfull’ mode de dreads blonds.
Je m’étais inscrit au cours de groupe. Mais je suis le seul débutant de tout le camp. J’aurais donc un cours d’une heure au lieu de deux avec mon moniteur. Bien-sûr qu’il y a un avantage à avoir toute l’attention du prof. Mais ça aide énormément de regarder des collègues et d’écouter leurs questions auxquelles on n’aurait pas pensé…
Le premier cours consiste à diriger un cerf-volant d’environ 1,50 mètre de large qui est une version miniature et sans armature des grandes ailes de kite. Comme ses grandes sœurs, il s’attache à un harnais à la taille et y est relié par 4 cordes. Il faut apprendre à diriger la chose avec détente, car comme le dit Abdel ‘’le kite-surf ne nécessite pas de force, c’est un sport technique’’. Ça commence bien! J’ai toujours été nul en sport technique!
DimancheLe lendemain matin, il s’agît d’une aile de 3 mètres ayant une armature comme les vraies. Ça aurait dû être évident mais je constate avec surprise que l’armature est gonflée… Cette aile tire bien davantage. J’ai parfois l’impression qu’elle va m’emporter et me traîner sur le sol devant tous les pros, en espérant que si ça arrive, je ne pousse pas de cris de petites filles. Je dois faire des huit dans le ciel, puis je perds le contrôle, elle tombe durement au sol. ‘’Elle tombe deux autres fois au sol comme ça, et elle éclate’’ me prévient Abdel. Me voilà plus détendu.
L’après midi, c’est une aile de 6 mètres qu’Abdel me prépare; alors celle-là, elle m’impressionne, elle est majestueuse. Cependant, mon look à moi ne m’impressionne pas… comme je l’ai dit je suis le seul débutant dans ce camps de pro. Puisque cette aile, c’est du sérieux, je dois mettre un wetsuit, qu’évidemment Abdel me dit après que je l’aie revêtu qu’il est du mauvais sens – comment aurais-je pu savoir que le zipper va dans le dos! Ensuite je dois mettre un gilet de sauvetage – je suis le seul à en mettre un – car d’ailleurs, la baie n’a que 4 pieds d’eau à marrée haute, et pour couronner le tout, je dois mettre un casque de protection, il est rose, super! De quoi bien souligner mon statut de débutant profond devant tous.
Abdel me prévient, il ne faut pas trop la mettre au vent cette aile, il faut la laisser au zénith car celle-là, elle peut t’emporter! J’essaie de ne pas trembler. Six mètres de large, c’est quand même plus grand que le bungalow où je loge! Je fais les manœuvres, je suis prudent, et ça va. Mais soudain, elle tombe. ‘’Mais non, mais non!! Tu tires toujours, mais lorsqu’elle tombe tu dois pousser, mais si les externes sont flasques, là tu tires!’’ pousse, tire, pousse, tire, je suis tout mêlé. Il faut maintenant aller diriger l’aile, l’eau à la hauteur des cuisses, afin de sentir cet élément qui deviendra majeur dans la pratique de ce sport. Abdel me montre une technique importante, celle de faire relever l’aile lorsqu’elle tombe à l’eau. Il faut tirer sur les cordes centrales pour la mettre du bon côté, ensuite tirer sur l’externe gauche par petits coups pour l’amener à trois heures (par rapport à la fenêtre du vent!), et de là, il faut pomper jusqu’à ce qu’elle lève. Je fais quelques manœuvres, elle tombe, et Abdel me crie après ‘’hé! Ho!! Qu’est-ce que j’ai dit tout à l’heure. Tu as encore tiré!!’’ Maintenant relève là comme on a vu. Bon, c’est quoi déjà? il faut donner des petits coups? Non. Tirer sur les cordes, lesquelles? ‘’NON mais on vient de voir ça ensemble!!!’’ Je reste cool car c’est vrai j’aurais dû savoir.
L’aile remonte avec son aide, puis toujours dans l’eau jusqu’aux cuisses, Abdel me dit de me mettre à genoux. D’accord. ‘’Mets ton ventre vers l’avant’’. Je me penche légèrement en essayant de garder le contrôle sur la barre de direction, mais cela me fait perdre l’équilibre, et je cherche ce qu’il peut bien vouloir dire tout en avalant quelques gorgées d’eau, puis je me replace mais ce faisant, je perds le contrôle de l’aile qui tombe disgracieusement. ‘’Allez! Tu sais comment la remonter maintenant!’’. Recrachant une gorgée d’eau salée, j’essaye de me souvenir la technique : cordes internes? Externes? Je pousse des petits coups sur l’une des quatre cordes. ‘Hé! Ho! Qu’est-ce qu’on a dit tout à l’heure? Tu disais que tu avais compris?’’ Puis il me la fait remonter en deux secondes en marmonnant en arabe, ce que je devine être quelque chose comme : ‘criss d’incapable de téteux d’endormi de marde’. C’est en fait ce que je me dis à moi-même.
Mais maintenant, il faut reprendre cette histoire d’à-plat-ventre dans l’eau en contrôlant la barre du kite alors que la barre attachée à ma taille est sous l’eau. En fait ce que je dois faire c’est carrément de me faire tirer par le kite car jusqu’à maintenant, j’avais toujours eu les pieds au sol et je devais résister à l’appel du kite. De plus, ce que je me suis efforcé à ne pas faire tout à l’heure avec cette grosse aile de 6 mètres, soit la mettre en plein vent, eh bien, je dois le faire maintenant, car on veut qu’elle me tire. Le premier essai va mal. Je ne réussis pas à amener l’aile au vent, elle reste au zénith, et je me mets à espérer que ce soit le genre d’exercice difficile qui fait paraître le vrai sport facile par après. Je recommence, puis je réussis à bien positionner l’aile et je réussis à dessiner quelques huit en plein vents, et l’aile me tracte, je fais quelques zigzags dans l’eau et ma foi, je trouve ça pas mal le fun!! Le cours se termine, Abdel me dit que ça a bien été (!), et on continue ça demain!
Lundi, mardi
Le lendemain, il ne vente pas. Du moins, il ne vente pas assez pour donner un cours à un débutant. Le surlendemain est identique…
Il me reste deux jours! Vais-je surfer avec un kite?
Mercredi
Avant-dernier jour. Ce matin. Il vente un peu. Pas beaucoup. Il se pourrait bien que j’aie un cours. Je ne me présente même pas le matin car la marée est basse. Lorsque j’arrive l’après-midi, c’est une aile de 10 mètres qui m’attend. ‘C’est pour moi, ça? C’est pas un peu vite?’. En même temps, je stresse moins que je ne l’aurais cru moi-même. Les deux derniers jours m’ont permis de décanter l’information. De plus, quelques pros, les vrais, avaient navigué pendant les jours précédents – avec peu de vent – avec des ailes de 14-15 mètres. Ces monstres étaient tout doux, et je crois que ça a rendu l’affaire moins effrayante. On aura aussi compris quel,on adapte les voiles à la puissance du vent. Cette voile de 10 mètres avec ce vent doux ne tirera pas plus que celle de 6 mètres avec un vent fort.
L’acte de se faire tirer dans l’eau par la voile s’appelle nage tractée. Je fais donc pendant une heure de la nage tractée, en faisant faire des loopings avec la voile ce qui me fait faire des zigzags sur l’eau sur des centaines de mètres. C’est fantastique. Je ne fais pas tomber la voile de tout le cours, et à la fin, j’ai même droit à un ‘two thumbs up’ d’Abdel!
Au dernier essai j’ose d’avantage, et je fais tournoyer l’aile plus bas ce qui me fait littéralement voler au-dessus des flots. En arrivant trop près du rivage, je fais redresser l’aile rapidement, puis elle s’emporte dans l’autre sens, poussée par une rafale. Le haut de mon corps tourne dans une direction pendant que le bas reste fixe. J’ai une sacrée sensation d’avoir tordu mes côtes...
Jeudi
Au dernier jour, j’apprends que ce n’est pas le dernier. Le lendemain, mon avion n’est qu’à 21h45 alors j’aurai d’autres cours. Aujourd’hui, j’aurai une planche avec mon kite. Enfin, il vente comme les sportifs de voiles le désirent; il n’est que 10 heures du matin et la baie a déjà tout l’air d’une ruche tant il y a des kite-surfers, qui s’en donnent à cœur joie après avoir été frustré pendant plusieurs jours. J’ai deux nouveaux profs car j’ai de nouveaux collègues de classe. C’est un vrai cours de groupe. Morad et Driss sont d’une grande gentillesse, ils m’expliquent bien les étapes, ce qui ne veut pas dire que ce sera facile, loin de là! D’abord, ils me montrent comment récupérer ma planche à la nage, tout en gardant la voile dans les airs. Ensuite comment marcher contre le vent avec la vole dans les airs.
Une fois ces techniques maîtrisées, c’est le grand moment! Ils montent la voile pour moi, ils la tiennent pendant que je glisse mes pieds dans les sangles, m’accrochent et je dois partir. Je ne vois pas du tout comment j’y arriverais sans leur aide mais bon, allons-y quand même! La première heure, je fais des progressions de quelques mètres sans vraiment sortir de l’eau. À un certain point, Driss me dit d’être plus agressif, de faire tourner la voile davantage pour que le vent prenne bien dedans. Mais aussi, il faut bien orienter sa planche, fléchir les jambes, inégalement, pour privilégier une direction et avancer. Enfin, lorsque la voile mord au vent, il faut se pencher vers l’avant pour sortir de l’eau. Et ça marche! Je fais 75 mètres! L’après-midi, on poursuit et je fais 100 mètres! Je suis en extase. Mais j’ai mal aux côtes et j’ai des ampoules aux pieds. Réussirai-je à tenir davantage demain?
Vendredi
Pendant la nuit, je me réveille à cause de la douleur aux côtes. C’est probablement l’espèce de twist que je me suis fait en fin de cours mercredi qui en est la cause. Je suis triste car faire du kite-surf n’est pas une bonne idée dans cette condition. Je suis triste car je n’ai pas de photos de moi en train de faire du kite! Mais bon, mieux vaut être prudent. Surtout qu’il me reste 2 mois à voyager.
Super expérience! et super description! C'est comme si on y était. Ce n'est pas grave si on n'a pas de photo de toi en pleine action; on t'imagine très bien avec les belles photos que tu as "postées"...
RépondreSupprimerÇa semble dur physiquement toutefois ce sport... Des passages de ton récit me ramènent des souvenirs de mes cours de plongée sous-marine où j'avais saigné du nez tellement j'avais forcé pour décompenser mes oreilles lors du test... C'est l'instructeur qui avait essuyé mon nez... :(